Traumatisme splénique : du scanner à l`embolisation, le rôle du
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Traumatisme splénique : du scanner à l`embolisation, le rôle du
Traumatisme splénique : du scanner à l’embolisation, le rôle du radiologue J. Cazejust, B. Bessoud, M. Raynal, C. Lafont, Y. Menu Saint Antoine Hospital Paris - France Introduction ¾ Les accidents de la voie publique (AVP) sont une des principales causes de décès chez les sujets jeunes ¾ L’imagerie g joue j un rôle déterminant dans le diagnostic des traumatismes abdominaux et dans leur prise en charge initiale ¾ Pour répondre à ce double but, le scanner est l’examen de référence Introduction ¾ ¾ ¾ Une classification de sévérité des lésions traumatiques a été établie par l’American Association for the Surgery of Trauma (AAST) : http://www trauma org/index php/main/category/C16 http://www.trauma.org/index.php/main/category/C16 Le management non opératoire est devenu le traitement de référence chez les patients ayant un traumatisme abdominal avec hémodynamique stable, voire même instable en cas de lésions curables par embolisation Objectifs pédagogiques 1- Connaître la stratégie diagnostique en cas de traumatisme abdominal chez un polytraumatisé et discuter l'intérêt du scanner dans la prise en charge ¾ 2- Illustrer les différents stades de traumatismes spléniques et être capable d'identifier un saignement actif tif ¾ 3- Décrire l'aspect tomodensitométrique des complications retardées en cas de traumatisme splénique ¾ 4- Connaître la prise en charge et les procédures de radiologie interventionnelle en cas de management non opératoire des traumatismes spléniques ¾ Pourquoi le scanner ? ¾L ’échographie est peu performante pour la détection de lésion traumatique de rate (y compris avec l ’adjonction d’agent de contraste échographique) Poletti Radiology 2003 / Poletti AJR 2004 ¾ Bilan Bil ““corps entier” ti ” ¾ Reconstructions multiplanaires ¾ Acquisition rapide et accessibilité ¾ Diminution des artéfacts de mouvements (scanner multidétecteurs) Instabilité hémodynamique Patient Stabilité hémodynamique Fast--écho Fast + - Chirurgie Scanner ? ? ? Management non Prise en charge opératoire : conservatrice radiologie Surveillance interventionnelle En pratique ¾ Hémodynamique instable : z z z ¾ Fast-échographie (épanchement ?) FastRadiographies rachis cervical (profil), radiographie de thorax de face, bassin de face Si négatifs : scanner corps entier Donc, le plus souvent en pratique, même en cas d’hémodynamique “limite” le patient passe par la “case scanner” dès que l’hémodynamique est contrôlée Notre protocole de scanner ¾ Pas d’hélice sans injection (ALARA et pas d’étude ¾ Injection biphasiaue : démontrant l’apport du sans IV en plus du protocole sous jacent) z z z ¾ ¾ 1ère injection de 50 cc 2nde injection de 80 cc cc, 60 secondes plus tard Une seule hélice “TAP”, 30 secondes après la 2nde injection Pas de produit de contraste oral (risque potentiel de masquer les extravasations digestives, gain diagnostic non démontré) Marmery. AJR. 2007 Piège n n° °1 : protocole En cas de scanner simple injection, il faut au minimum la phase portale, qui est la plus importante,, car : importante 1- au temps artériel, la rate est parfois très hétérogène g 2- les saignements actifs ne se détectent parfois qu’à cette phase en raison d’un vasospasme du à un état de choc ¾ Pas de données dans la littérature montrant une supériorité du TDM 3 phases % TDM 2 phases pour la DETECTION de l’hémorragie ¾ Piège n n° °1 : protocole ¾ Ci-contre, 3 exemples Cide rates normales (hétérogènes au temps artériel) ¾ Le premier patient est le plus trompeur : sur le temps artériel on pourrait croire à un hématome splénique, mais la rate est en réalité normale sur le temps portal Phase artérielle Phase portale Les lésions élémentaires ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ La rate est le premier ou le second (en fonction des articles) organe intra abdominal lésé en cas de traumatisme abdominal Matthes. World J Surg. 2003 / Yoon. Radiographics. 2005 Lacérations é Hématomes Infarctus « Lésions vasculaires » Lacérations ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ Lacérations spléniques = images linéaires hypodenses +/ +/-- braachées, parfois stellaires Superficielles (< 3 cm) / profondes (> 3 cm) Rupture en cas de lacération allant d’un bord à l’ t d l’autre de lla surface f splénique lé i Rechercher le défaut de rehaussement splénique en cas de lésion vasculaire associée (rupture du pédicule vasculaire) En cas de multiples lacérations, on parle de rate explosée Lacérations Ligness hypodenses Li h d s s linéaires li é i s ou stellaires st ll i s Superficielle < 3 cm / profonde > 3 cm Rupture = lacération d’un bord à l’autre de la rate Rate dévascularisée Rate “explosée” Hématomes ¾ Sous Sous--capsulaires ou intraparenchymateux ¾ Spontanément hyperdenses sur scanner sans IV (si réalisé) ¾ Lésion hypodense après injection Hématomes Hématome péri splénique Hématome intra splénqiue Volumineux hématome sous capsulaire Infarctus spléniques ¾ ¾ ¾ Défaut de rehaussement splénique du à une lésion vasculaire segmentaire d’une branche de l’artère splénique La rate apparaît alors comme un patchwork de g de densités différentes à la phase p régions portale l : certaines zones sont bien b rehaussées, d’autres ne le sont pas Parfois, le classique « splenic rim sign » (capsule splénique rehaussée en regard d’une zone hypodense) peut aider au diagnostic, il signe l’absence de lésion des vaisseaux capsulaires Infarctus spléniques « Lésions vasculaires » ¾ Lésions à risque hémorragique : ¾ Extravasation de contraste intra ou extra splénique ¾ Pseudo P d anévrysme é ¾ Ces lésions sont à risque d’hémorragie retardée et nécessitent donc un traitement endovasculaire Faux anévrysme splénique : blush intra splénique après traumatisme abdominal Extravasation de contraste intra splénique Extravasation de contraste extra--splénique extra Classification AAST ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ American Association for the Surgery of Trauma (AAST) Créée en 1987 Scores de moins en moins adaptés à la pratique ti quotidienne tidi Dernière version pour les trauma de rate (et foie) = 1995 ! Moore, E.E., et al., Organ injury scaling: spleen and liver (1994 revision). J Trauma, 1995. 38(3): p. 323323-4. Grade I II III IV V Description - lacération < 1 cm - hématome sous capsulaire < de 10% de la surface splénique - lacération de 1 à 3 cm - hématome sous capsulaire de 10 à 50% de la surface splénique - hématome intra parenchymateux < 5 cm - lacération > 3 cm ou atteignant le hile splénique - hématome sous capsulaire de plus de 50% de la surface splénique - hématome intra parenchymateux > 5 cm lacération segmentaire ou des vaisseaux hilaires responsables d’une dévascularisation splénique de plus de 25% - lacération des vaisseaux du hile - multiples lacérations intra parenchymateuses responsables d’une dévascularisation complète de la rate Points clés 1- Rate explosée ? Oui Non Traumatisme artériel Chirurgie Embolisation Laceration < 25% de la rate et/ou Hématome < 50% 5 cm d de lla rate Traitement conservateur Suivi clinique et scanographique Les erreurs diagnostiques ¾ Hémopéritoine iso échogène ¾ Faux hématome splénique ¾ Effets de volume partiel ¾ Artéfacts de mouvements respiratoires ¾ Incisures spléniques Fast écho ¾ Détection du liquide intra péritonéal ¾ Sensitivité = 75% ¾ Spécificité = 98% ¾ Piège des hémopéritoines iso échogènes ¾ La stéatose peut aider Faux hématome péri splénique Lobe gauche du foie, stéatosique, recouvrant la rate Volume partiel ¾ Hématome péri splénique ? ¾ Volume partiel sur les coupes sagittales et coronales (artéfacts de mouvements respiratoires) Incisure splénique ? ¾ Incisure splénique (flèche rouge) mimant une lacération ¾ Hématome intra splénique vrai (flèche bleue) Lacération ? ¾ Volumineux lobe gauche hépatique ¾ Espace entre le foie et la rate (flèches rouges) Extravasation de contraste ? ¾ Comprimé dans le fond de l’estomac Complications retardées ¾ De plus en plus de lésions sévères (grade IV et V) sont traitées par radiologie interventionnelle, sans chirurgie ¾ La prévalence rapportée des complications retardées après prise en chgarge non opératoire des traumatismes spléniques sévère est d’environ 8% ¾ Goffette, P.P. and P.F. Laterre, Traumatic injuries: imaging and intervention in post post--traumatic complications (delayed intervention). Eur Radiol, 2002. 12(5): p. 994994-1021. Complications postpost-traumatiques ¾ Plus fréquentes si le degré de sévérité des lésions est élevé => suivi par scanner systématique en cas de lésion de grade III ou plus ayant eu un traitement conservateur (non opératoire) ¾ Ces complications surviennent dans les 15 jours suivant le traumatisme, rarement après un mois => scanner systématique, pour certaines équipes, à J15 (ou plus tôt si évênement intercurrent) ¾ Gaarder. J Trauma. 2006 / Krohmer. Cardiovasc Intervent Radiol. 2009. / Lin. Acad Radiol. 2008 / Raikhlin. Can J Surg. 2008 Hémorragies retardées ¾ 2 groupes : z z ¾ ¾ Vraies hémorragies retardées (< 1%) Diagnostic retardé (> 40% en cas de rupture splénique) Le 1er groupe a un risque plus élevé de mortalité, comparativement aux hémorragies primaires d’origine splénique Causes = rupture de rate due à une augmentation de volume d’un hématome, pseudo anévrysme, fistule artérioartério-veineuse Pseudo anévrysmes ¾= rehaussement arrondi bien limité de densité identique aux artères, au contact d’une artère ¾ Dû à un traumatisme intimal ¾ Rare ¾ Artère splénique ou branches intraparenchymateuses ¾ Plus fréquents en cas de traumatisme grave Pseudo anévrysmes ¾ ¾ ¾ Peuvent être entourées d’oedème péripéri-lésionnel Iso ou hyperdense au parenchyme splénique sur le p tardif temps La majorité des faux anévrysmes sont découverts à distance du traumatisme, ceci plaide en faveur d’un suivi systématique en cas de traumatisme de sévérité élevée (grade III ou plus) Fistules artérioartério-veineuses ¾ ¾ ¾ ¾ Rare Habituellement associées à un faux anévrysme Asymptomatique pendant une longue période, puis splénomégalie, hypertension portal, parfois même défaillance cardiqaue Hyperatténuation intra splénique au scanner à la phase artérielle ou portale, et isodense au temps tardif Pseudo kystes spléniques ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ Rare Résorption spontanée exceptionnelle Habituellement en cas d’hématome sous capsulaire ou intra splénique non opéré Risque de rupture = 25% Risque d’échec (traitement incomplet ou récidive) en cas de drainage percutané ou de fenestration laparoscopique => splénectomie partielle ou totale doit être discutée en cas de pseudo kyste > 5 cm Infections ¾ Des abcès peuvent survenir jusqu’à plusieurs mois après une embolisation d’artère splénique ¾ Le traitement de choix des abcès est le drainage percutané ¾ Collection périsplénique apparaissant 6 jours après une embolisation de l’artère splénique par coils ¾ Collection périsplénique apparaissant 4 jours après une embolisation de l’artère splénique par coils Rôle de la radiologie interventionnelle ¾ En ¾A z z phase aigue : embolisation artérielle la phase retardée : Embolisation de faux anévrysmes Drainages percutanés d’abcès intra ou péri spléniques Management non opératoire versus management chirurgical ¾ En cas d’instabilité hémodynamique, chirurgie ou embolisation sont nécessaire rapidement (but = réduire la mortalité) ¾ Stabilité hémodynamique : prise ne charge non opératoire : repos au lit strict et surveillance rapprochée = traitement devenu le traitement de référence, même en cas de lésions de grade élevé au scanner ¾ But principal du traitement non opératoire = conservation splénique et ses fonctions (notamment immunitaire) Embolisation splénique ¾ ¾ Soit en phase aigue, soit en cas d’hémorragie retardée Doit être réalisée en cas de : z z ¾ (1) traumatisme splénique associé à une “lésion vasculaire” (càd extravasation de contraste, fistule artério té i veineuse, i f faux anévrysme) é ) (2) traumatisme splénique de grade III à V (AAST) associé à une extravasation de contraste intra splénique Au total : embolisation splénique systématique en cas de traumatisme > ou = grade III, ou hémorragie active Technique ¾ ¾ ¾ ¾ En fonction de l’artère lésée : embolisation de l’artère splénique ou de ses branches En fonction de l’agent d’occlusion : particules résorbables (gélatine) ou non résorbable (coils) Il n’y a pas d’impact à long terme sur l’anatomie splénique et la fonction immunitaire en cas d’embolisation proximale de l’artère splénique Bessoud, B., et al., Proximal splenic artery embolization for blunt splenic injury: clinical, immunologic, and ultrasoundultrasound-Doppler follow follow--up. J Trauma, 2007. 62(6): p. 14811481-6. Embolisation artérielle sélective Lacération et faux anévrysme Angiographie Pseudo anévrysme Embolisation sélective à l’aide de coils (flèches) 2 jours après embolisation Coils (tête de flèche) Infarctus splénique (flèche bleue) Embolisation proximale PA: 111 / 79 / 95 Avant embolisation - 47% PA: 53 / 47 / 50 Après embolisation L’embolisation proximale diminue la pression intra splénique • Avant embolisation : Microcathéter 2.7 F (flèche) et cathéter de pression intra splénique (tête de flèche) = PA 111/79/95 (PASyst/PADiast/PAMoy) • Après embolisation: Coils (flèches). Diminution de la pression intra splénique. PA 53/47/50 Cas1 typique ... 2 3 Traumatisme grade IV + extravasation (flèches) : 1. Angiographie splénique. Cobra 5F. Extravasation extra splénique 2. Cathétérisme juxta hilaire et embolisation par coils 3. Après embolisation : l’artère splénique est occluse Artères pancréatiques dorsales (flèches) Embolisation splénique ¾ ¾ ¾ ¾ ¾ Echec du traitement non opératoire dans 2 à 20% des cas en raison d’une hémorragie retardée Une hémorragie active est le plus souvent asymptomatique initialement et survient en cas de majoration d’un faux anévrysme ou d’un hématome L’embolisation splénique est bien tolérée, efficace et augmente la survie des patients ayant un faux anévrysme Taux d’échec = 3 à 27% Il n’y a pas de cas rapporté d’échec de l’embolsiation en cas d’hémorragie retardée Drainage ¾ En cas d’abcès intra ou péri splénique ¾ Drainage percutané sous échographie ou sous scanner Messages à retenir Les traumatismes fermés de l'abdomen sont une des principales causes de mortalité chez le sujet jeune ¾ Une classification de gravité des lésions spléniques a été développée par l'American Association for the Surgery of Trauma, basée sur le scanner ¾ Les lésions spléniques aigües sont des lacérations, des hématomes, des infarctus, des avulsions ou des hémorragies actives ¾ Les complications à distance peuvent être vasculaires (rupture secondaire, faux anévrysmes ou fistules artério veineuses), des pseudokystes, ou infectieuses ¾ Cas clinique ¾ Mr T. 43 ans ¾ AVP scooter ¾ Traumatisme de l’hypochondre gauche modéré dé é ¾ Etat hémodynamique conservé ¾ Demande d’échographie pour « apprécier l’intégrité de la rate » Questions ¾ ¾ ¾ ¾ 1- Que pensezpensez-vous de l’intérêt de réaliser une échographie dans ce contexte ? 2- Quel est votre diagnostic à partir des deux images g fournies, sachant que q le reste du bilan lésionnel est négatif 3- Discutez les grandes lignes de la prise en charge thérapeutique 4- Quelles sont les complications qui peuvent survenir à distance ? Réponse n n° °1 ¾ Traumatisme à haute cinétique => FAST écho : but = rechercher un épanchement intra péritonéal ¾ MAIS ne doit en aucun cas analyser les organes pleins de l’abdomen, puisqu’environ une lésion splénique sur 2 n’est pas visualisée en échographie Réponse n n° °2 Lacération splénique post traumatique grade III avec hémopéritoine Réponse n n° °3 ¾ Surveillance clinique ¾ Scanner de contrôle dans 10 à 15 jours ¾ Puisqu’il n’y a pas d’extravasation de contraste Réponse n° n°4 ¾ Complications z z z à distance : hémorragies retardées (sur faux anévrysme ou fistule artério veineuse) pseudo--kystes spléniques pseudo infections (abcès) ¾ Surviennent le plus souvent dans les 15 1ers jours de l’accident (sauf pseudo kystes) ¾ Incidence en augmentation, car management non opératoire de plus en plus fréquent Retenir ¾ 1- Polytraumatisme / traumatisme à haute cinétique => BODYBODY-SCANNER ¾ 2- AAST = classification de la gravité des lé i lésions (http://www.trauma.org/archive/scores/ois http://www.trauma.org/archive/scores/ois-spleen.html)) spleen.html ¾ 3- Arbre décisionnel de traitement en fonction de la gravité des lésions