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2 e trimestre 2015 n° 324 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) S O M M A I RE ÉDITORIAL L’éthique éditoriale dans l’intérêt de tous J. Tassin 3 La place de Irvingia gabonensis dans les communautés villageoises autour du parc national de Lobeke au Cameroun R. G. Caspa, J. P. Mate Mweru, M. Ngang Ngwa 5 Gestion participative des forêts : évaluation de l’efficacité des Comités paysans-forêts dans l’Est-Cameroun J. F. Kouedji Monthe, A.-C. Pial, G. M. Nguenang, G. A. Fomou Nyamsi 19 Identification des moteurs de déforestation dans la région d’Isangi, République démocratique du Congo S. Katembera Ciza, J.-F. Mikwa, A. Cirhuza Malekezi, V. Gond, F. Boyemba Bosela. 29 Le gorille est-il bon jardinier ? Preuves de l’existence de dispersion dirigée au Sud-Est du Gabon B. Haurez, Y. Brostaux, C.-A. Petre, J.-L. Doucet 39 Caractéristiques biophysiques du bois de Pterocarpus erinaceus (Poir.) en zones guinéenne et soudanienne au Togo K. N. Segla, A. D. Kokutse, K. Adjonou, P. Langbour, G. Chaix, D. Guibal, K. Kokou 51 Impacts de la situation géographique et des conditions forestières sur les propriétés physiques et mécaniques du bois de Pinus pinea l. en Tunisie du nord M. T. Elaieb, A. Khaldi, K. Candelier 65 LE POINT SUR VOS LECTURES Les arbres utiles du Gabon Meunier Q., Moumbogou C., Doucet J.-L. Forests in the ece region, trends and challenges in achieving the global objectives on forests United Nations Economic Commission for Europe, Food and Agriculture Organization of the United Nations 4 – 18 77 78 1 2 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) CONTENTS EDITORIAL The publication ethics for the benefit of all J. Tassin 3 The place of Irvingia gabonensis in village communities around the Lobeke National Park in Cameroon R. G. Caspa, J. P. Mate Mweru, M. Ngang Ngwa 5 Participatory forest management: a performance assessment of smallholder-forester committees in eastern Cameroon J. F. Kouedji Monthe, A.-C. Pial, G. M. Nguenang, G. A. Fomou Nyamsi 19 Identifying the drivers of deforestation in the Isangi region, Democratic Republic of Congo S. Katembera Ciza, J.-F. Mikwa, A. Cirhuza Malekezi, V. Gond, F. Boyemba Bosela. 29 Is the western lowland gorilla a good gardener? Evidence for directed dispersal in Southeast Gabon B. Haurez, Y. Brostaux, C.-A. Petre, J.-L. Doucet 39 Biophysical characteristics of Pterocarpus erinaceus (Poir.) timber in Togo’s guinean and sudanian zones K. N. Segla, A. D. Kokutse, K. Adjonou, P. Langbour, G. Chaix, D. Guibal, K. Kokou 51 Impacts of location and forestry conditions on some physical and mechanical properties of northern Tunisian Pinus pinea l. wood M. T. Elaieb, A. Khaldi, K. Candelier 65 FOCUS ON BOOK REVIEW Les arbres utiles du Gabon Meunier Q., Moumbogou C., Doucet J.-L. Forests in the ece region, trends and challenges in achieving the global objectives on forests United Nations Economic Commission for Europe, Food and Agriculture Organization of the United Nations 4 – 18 77 78 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) É D ITOR I A L L’éthique éditoriale dans l’intérêt de tous Comme toute autre revue, Bois et Forêts des Tropiques est exposée à des pratiques non respectueuses de l’intégrité scientifique. Nous observons parfois chez des auteurs des écarts aux normes éthiques requises par l’édition. La pression éprouvée par les chercheurs pour plus publier, plutôt que mieux publier, n’y est sans doute pas tout à fait étrangère. Et comme l’a récemment rappelé Pierre Léna, ancien président du Comité d’éthique du CNRS, le meilleur garant contre les manquements à l’éthique scientifique demeure la conscience du chercheur. Conscience individuelle, à l’évidence, mais aussi conscience collective. Aussi, à la pression de publication qui a désormais envahi le quotidien et la pensée des chercheurs, vient aujourd’hui s’opposer une réaction éthique de la part des institutions de recherche. Une réaction saine, nous semble-t-il, à laquelle notre revue s’associe entièrement. Les fraudes manifestes que nous relevons dans Bois et Forêts des Tropiques sont heureusement rares et la plupart du temps, il s’agit plutôt de pratiques inappropriées. Ces pratiques n’en sont pas moins regrettables, d’autant qu’elles tendent à se multiplier mais aussi à se diversifier. Les manquements à une ligne de conduite intègre, tels que nous les observons dans les articles soumis à notre revue, présentent en effet un caractère largement multiforme. Le manquement le plus courant procède d’un manque de clarté du protocole d’étude ou d’une négligence dans le traitement des données, qui se traduisent par des résultats incohérents, injustifiés ou erronés. La frontière entre l’erreur et la falsification s’avère toutefois ténue, ces deux notions étant en continuité l’une de l’autre. Généralement, les relecteurs repèrent toutefois très vite ce type de dérive, quand c’en est une. Parfois aussi, des chercheurs ne respectent pas les principes élémentaires selon lesquels ils peuvent ou non apparaître légitimement comme coauteurs d’un manuscrit. Certains éditeurs n’hésitent pas à qualifier cette pratique de « complicité passive ». Les cas où, fournie par l’auteur correspondant, l’adresse électronique d’un coauteur s’avère non fonctionnelle, sont en soi particulièrement éloquents… La soumission auprès de notre revue d’un texte déjà publié par les auteurs dans une autre revue reste heureusement une pratique peu commune. Ce qu’il convient d’appeler alors « autoplagiat » se produit néanmoins deux à trois fois par an. Généralement, ce type de pratique reste assez aisément détectable. Il l’est beaucoup moins lorsque le manuscrit soumis ne présente délibérément qu’une fraction de résultats déjà publiés ailleurs. Une autre dérive relevant de la dissimulation consiste à soumettre le même manuscrit à plusieurs revues en même temps, ce qui conduit alors à des situations très inconfortables, voire de blocage, entre les revues et l’auteur correspondant, mais aussi entre les revues elles-mêmes. Beaucoup plus fréquente, mais aussi certainement plus savoureuse, est l’approche préalable d’un auteur auprès de notre équipe éditoriale, selon la technique dite du « pied dans la porte ». Ceci consiste à nous inviter à accepter par avance un manuscrit qui n’a pas encore été soumis mais reste évoqué dans ses grandes lignes. Pour sympathique qu’elle soit parfois, cette approche n’est pas conforme aux fondamentaux de l’éthique éditoriale. Elle n’est donc pas davantage acceptable. Il n’y a que des perdants dans la mise en jeu de l’ensemble de ces pratiques. Perte de temps, perte de crédibilité, y compris des institutions représentées par les auteurs indélicats, mais aussi manifestation d’une perte d’exigence scientifique. C’est donc au service de tous que nous sommes invités, au sein de notre équipe d’édition, à accroître notre vigilance. Ce type d’attention n’est pas des plus agréables, et nous ne voulons surtout pas entretenir, au sein de Bois et Forêts des Tropiques, un climat de suspicion à l’égard des auteurs. Ce serait sans aucun doute la pire des réactions parce qu’elle entretiendrait une forme de dénigrement de la recherche scientifique. Alors que faire ? Il nous semble que la prévention et l’information auprès des auteurs, comme le vise cet éditorial, figurent parmi les meilleures attitudes possibles. L’une des formes de prévention situées le plus en amont est manifestement la formation des doctorants aux principes de l’éthique scientifique. L’accompagnement de leurs premiers manuscrits, que ce soit par leurs encadrants, les coauteurs ou les éditeurs, offre un contexte pertinent pour assurer de manière très concrète une telle formation. L’enjeu est de taille. Comme l’observait déjà en 1992 le sociologue canadien Serge Larivée1, auteur d’un rapport sur la fraude scientifique, « il s’en faudrait peut-être de peu, particulièrement en période de récession, pour que les payeurs de taxes, influencés par la couverture journalistique sensationnaliste de quelques cas célèbres, contestent la masse budgétaire impartie à la recherche scientifique dans tel ou tel domaine ou même dans son ensemble. » Un peu plus de vingt ans plus tard, le contexte n’a hélas guère évolué favorablement. Notre vigilance à l’égard du respect de l’éthique éditoriale demeure plus que jamais nécessaire. Jacques Tassin Rédacteur en chef 1Larivée S., Baruffaldi M., 1992. Les Fraudes scientifiques. Rapport préliminaire. Université de Montréal, Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, 239 p. 3 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) I RVI NG IA G A BON EN SI S / L E PO I NT S U R … Roseline Gusua Caspa1, 3 Isaac Roger Tchouamo2 Jean Pierre Mate Mweru1 Joseph Mbang Amang3 Marley Ngang Ngwa2 1 University of Kinshasa Regional Postgraduate School of Integrated Tropical Forest and Landscape Management (ERAIFT) P.O. Box 15373 Kinshasa Democratic Republic of Congo The place of Irvingia gabonensis in village communities around the Lobeke National Park in Cameroon 2 University of Dschang P.O. BOX 96 Dschang Cameroon 3 Institute of Agricultural Research for Development (IRAD) P.O. Box 2123 Yaounde Cameroon Photo 1. A Baka family. Photograph R. G. Caspa, 2013. 5 6 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) R. G. Caspa, J. P. Mate Mweru, M. Ngang Ngwa F OC US / IRVIN GIA GA BO N E NS IS RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN LA PLACE DE IRVINGIA GABONENSIS DANS LES COMMUNAUTÉS VILLAGEOISES AUTOUR DU PARC NATIONAL DE LOBEKE AU CAMEROUN THE PLACE OF IRVINGIA GABONENSIS IN VILLAGE COMMUNITIES AROUND THE LOBEKE NATIONAL PARK IN CAMEROON EL LUGAR DE IRVINGIA GABONENSIS EN COMUNIDADES CAMPESINAS ALREDEDOR DEL PARQUE NACIONAL DE LOBEKE EN CAMERÚN Le manguier sauvage, Irvingia gabonensis, est une des essences les plus exploitées pour des produits forestiers non ligneux aux alentours du Parc national de Lobeke au Cameroun. Une enquête auprès des cueilleurs montre que les fruits sont ramassés en forêt à même le sol, ce qui entraîne des risques élevés d’attaque par des gorilles (100 %) et nécessite de longs séjours en campement (87 %). Tous les cueilleurs conservent cette essence, la plupart (82 %) en protégeant les semis spontanés, mais ne s’intéressent pas à la plantation. Cependant, près de 68% des cueilleurs indiquent qu’ils l’envisageraient. L’amande de Irvingia gabonensis est considérée par les cueilleurs comme la deuxième ressource alimentaire (98 %) et la première source de revenus (93 %) parmi les quatre principaux produits forestiers non ligneux de la région. Un inventaire a été réalisé pour évaluer l’abondance de l’essence dans trois systèmes forestiers : la zone protégée, une forêt de production villageoise (forêt naturelle comprise dans le domaine forestier non-permanent et gérée par une communauté villageoise avec l’appui du service forestier) et une zone agroforestière (jachères et associations de cultures/cacao), dans 6 x 3 parcelles de 1 ha. La production fruitière a été estimée en comptant les fruits pendant les collectes. La croissance et la survie des plantules n’ont été estimées que dans la zone protégée en raison de la rareté des jeunes plants dans la forêt de production et la zone agroforestière. La densité moyenne des I. gabonensis s’établit à 3,3 arbres/ha, sans écart significatif entre les trois systèmes forestiers. Le diamètre moyen à hauteur de poitrine ne varie pas significativement entre les trois systèmes, ni la production fruitière moyenne. Le taux de survie des semis baisse à 70 % dans la zone protégée au bout de 18 mois. La présence majoritaire d’arbres de diamètre moyen à élevé indique que la ressource se maintiendra pendant quelque temps, mais la quasi absence de jeunes individus permettant de régénérer ces peuplements vieillissants compromet la ressource à plus long terme. L’intensité de la cueillette conduit à recommander l’intégration de cette essence dans les exploitations agricoles villageoises. The bush mango, Irvingia gabonensis, is one of the most heavily used non-timber tree species around the Lobeke National Park in Cameroon. A survey among fruit gatherers showed that the fruits are collected from the forest floor, which involves very high risks of gorilla attack (100%) and long camping periods (87%). All the gatherers preserve this species, mostly (82%) by protecting wild seedlings, but they are generally reluctant to plant it. However, up to 68% of gatherers indicated that they would be willing to plant the species. The I. gabonensis kernel was ranked by gatherers (98%) as the second main source of food and the first main source of income (93%) among four major Non-Timber Forest Products in the area. An inventory was carried out to determine the abundance of the species in three forest systems: the protected area, a community production forest (a natural forest forming part of the non-permanent forest domain and managed by a village community with the assistance of the forestry administration) and agroforest (fallow land and productive crop/cocoa plantations), in 6 x 3 1-ha plots. Fruit production was assessed by counting fruits during gathering. Seedling growth and survival were assessed only in the protected area because very few seedlings were available in the production forest and agroforest. The overall mean density of I. gabonensis was assessed at 3.3 trees per ha, with no significant difference between the three forest systems. The mean diameter at breast height of I. gabonensis trees in all three forest systems was not significantly different. Mean fruit production in the three forest systems also showed no significant difference. Seedling survival fell to 70% in the protected area after 18 months. The presence of mostly medium to large diameter trees is an indication that the resource will continue to be available for some time but the near absence of younger individuals to replace the ageing population is detrimental to resource availability in the long term. Due to the intensity of gathering, it is recommended that the local population should actively incorporate this species into their farms. El mango africano, Irvingia gabonensis, es una de las especies más explotadas para productos forestales no madereros alrededor del Parque Nacional de Lobeke en Camerún. Una encuesta entre los recolectores muestra que los frutos se recogen en el suelo del bosque, lo que implica un alto riesgo de ataques de gorilas (100%) y la necesidad de acampar durante períodos prolongados (87%). Todos los recolectores preservan esta especie, la mayoría (82%) protegiendo las plántulas silvestres, pero sin pensar en plantarla. Sin embargo, cerca del 68% de los recolectores dice que estaría dispuesto a hacerlo. La almendra de Irvingia gabonensis es considerada por los recolectores como la segunda fuente de alimento (98%) y la primera fuente de ingresos (93%) entre los cuatro principales productos forestales no madereros de la región. Se efectuó un inventario para evaluar la abundancia de la especie en tres sistemas forestales: el área protegida, un bosque de producción comunitario (bosque natural incluido en el dominio forestal no permanente y manejado por una comunidad campesina con el apoyo del servicio forestal) y una zona agroforestal (barbechos y asociaciones de cultivos con cacao), en 6 x 3 parcelas de 1 ha. La producción frutal se estimó contando los frutos durante la recolección. El crecimiento y supervivencia de las plántulas sólo se estimaron en el área protegida debido a la escasez de plantas jóvenes en el bosque de producción y en la zona agroforestal. La densidad promedio de I. gabonensis es de 3.3 árboles/ha, sin variaciones significativas entre los tres sistemas forestales. El diámetro promedio a altura de pecho no varía significativamente entre los tres sistemas forestales, como tampoco lo hace la producción frutal. La tasa de supervivencia de las plántulas desciende al 70% en el área protegida al cabo de 18 meses. La presencia mayoritaria de árboles de diámetro medio a grande indica que este recurso se mantendrá durante algún tiempo, pero la ausencia casi total de individuos jóvenes que permitan regenerar estos rodales envejecidos hace peligrar este recurso a largo plazo. La intensidad de la recolección lleva a recomendar la integración de esta especie en las explotaciones agrícolas campesinas. Mots-clés : Irvingia gabonensis, ressource vivrière, productivité, Parc national de Lobeke, Cameroun. Keywords: Irvingia gabonensis, resource base, productivity, Lobeke National Park, Cameroon. Palabras clave: Irvingia gabonensis, recurso alimenticio, productividad, Parque Nacional de Lobeke, Camerún. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) G E ST ION PA R T I CI PAT IV E / L E PO I NT S U R … Monthé1 Joseph Felix Kouedji Annie-Claude Pial2 Guy Merlin Nguenang3 Ghislain Aimé Fomou Nyamsi1 1 Université de Yaoundé I Faculté des sciences Laboratoire de botanique-écologie BP 812, Yaoundé Cameroun Gestion participative des forêts : évaluation de l’efficacité des Comités paysans-forêts dans l’Est-Cameroun 2 Université de Yaoundé I Faculté des sciences Département de biologie et physiologie végétales BP 812, Yaoundé Cameroun 3 GIZ/ProPSFE/Antenne de la Région de l’Est BP 07, Bertoua Cameroun Photo 1. Une pépinière du Comité paysans-forêts Nampella-Nlong, située à Mparo. Photo J. F. Kouedji Monthe. 19 20 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) J. F. Kouedji Monthé, A.-C. Pial, G. M. Nguenang, G. A. Fomou Nyamsi F OC US / PAR T I CIPATORY MA NAGEMEN T RÉSUMÉ GESTION PARTICIPATIVE DES FORÊTS : ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ DES COMITÉS PAYSANS-FORÊTS DANS L’EST-CAMEROUN Le secteur forestier camerounais joue un rôle très important dans l’économie nationale et assure un ensemble de fonctions sociales et environnementales. Dans le souci de gérer ce secteur de manière durable et participative, la loi forestière, fruit de l’opérationnalisation des recommandations du sommet de Rio de Janeiro, prévoit l’implication des Comités paysans-forêts (CPF), structures représentatives des populations locales, dans la gestion forestière. Cet article se propose de tirer les leçons de la gestion participative des forêts à travers l’évaluation de l’efficacité des CPF de deux départements de la région de l’Est-Cameroun, la Boumba et Ngoko et la Kadey. L’évaluation de ces CPF a été conduite sur la base des dispositions légales énoncées dans la décision n° 1354/D/MINEF/CAB du 26 novembre 1999, de laquelle six critères d’évaluation et 20 indicateurs de performance ont été tirés. Les données collectées sur le terrain laissent entrevoir de nombreux dysfonctionnements : inexistence des CPF dans certaines localités sujettes à l’exploitation forestière, absence de document normatif et statutaire pour la majorité des CPF, insuffisance des ressources financières autonomes, faible collaboration avec les autres acteurs de la gestion forestière et déséquilibre dans la représentativité des différentes composantes sociales au sein des bureaux. L’analyse des écarts montre que les niveaux de conformité des CPF avec les exigences légales dans les départements ciblés sont très faibles. Aucun critère n’est conforme et 65 % des indicateurs présentent des niveaux de conformité nuls. En définitive, les objectifs assignés aux CPF ne sont pas atteints, ce qui met en évidence leur inefficacité. Des pistes d’amélioration sont proposées autour de l’information, de l’autonomisation et de la formation des CPF. PARTICIPATORY FOREST MANAGEMENT: A PERFORMANCE ASSESSMENT OF SMALLHOLDER-FORESTER COMMITTEES IN EASTERN CAMEROON MANEJO PARTICIPATIVO DE BOSQUES: EVALUACIÓN DE LA EFICACIA DE LOS COMITÉS CAMPESINOS-BOSQUES EN EL ESTE DE CAMERÚN Cameroon’s forest sector makes a substantial contribution to the national economy and also fulfils a wide range of social and environmental functions. In order to establish sustainable and participatory management of the forest sector, the forest legislation adopted in line with the Rio Summit recommendations provides for the involvement of SmallholderForester Committees (CPF) that must be representative of local populations. This article aims to draw lessons for participatory forest management from an assessment of the effectiveness of CPFs in two districts (Boumba-Ngoko and Kadey) in eastern Cameroon. The CPF assessment was conducted in accordance with the legal provisions set out in Decision N° 1354/D/MINEF/CAB dated November 26th 1999, from which 6 evaluation criteria and 20 performance indicators were developed. Data collected in the field reveal dysfunctions in many areas: nonexistence of CPFs in some heavily logged areas, absence of statutory and compliance documents in many CPFs, inadequacy of autonomous funding, lack of cooperation with other forest management partners and unequal representation of social groups in committee decisions. Gap analysis shows that CPF compliance with legal requirements in the relevant districts is very low. None of the criteria are met and compliance is nil for 65% of the indicators. Clearly, the objectives assigned to the CPFs are not being achieved, revealing their ineffectiveness. Proposed avenues for improvement focus on information, empowerment and training for CPFs. El sector forestal camerunés desempeña un papel muy importante en la economía nacional y presta una serie de funciones sociales y ambientales. Para manejar dicho sector de modo sostenible y participativo, la ley forestal en la que se plasman las recomendaciones de la cumbre de Río de Janeiro prevé la implicación de estructuras representativas de las poblaciones locales, los Comités CampesinosBosques (CCB), en el manejo forestal. Este artículo se propone sacar enseñanzas del manejo participativo de los bosques mediante la evaluación de la eficacia de los CCB de dos departamentos de la Región del Este de Camerún: Boumbaet-Ngoko y Kadey. La evaluación de estos CCB se realizó basándose en las disposiciones legales expresadas en la decisión N° 1354/D/MINEF/CAB del 26 de noviembre de 1999, extrayéndose seis criterios de evaluación y 20 indicadores de rendimiento. Los datos obtenidos en campo permiten apreciar numerosas deficiencias: inexistencia de CCB en algunas localidades sometidas a aprovechamiento forestal, ausencia de documento normativo y jurídico en la mayoría de CCB, insuficiencia de recursos financieros autónomos, baja colaboración con los demás actores del manejo forestal y desequilibrio en la representatividad de los distintos componentes sociales en las oficinas. El análisis de las deficiencias muestra que los niveles de conformidad de los CCB con las exigencias legales en estos departamentos son muy bajos. No se cumple completamente ningún criterio y el 65% de los indicadores muestra niveles de conformidad nulos. En conclusión, no se logran los objetivos atribuidos a los CCB, poniéndose de manifiesto su ineficacia. Se realizan propuestas de mejora centradas en la información, autonomización y formación de los CCB. Keywords: participatory management, forest, smallholder-forester committees, Cameroon. Palabras clave: manejo participativo, bosque, comité campesinos-bosque, Camerún. Mots-clés : gestion participative, forêt, comité paysans-forêts, Cameroun. ABSTRACT RESUMEN BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) G E ST ION PA R T I CI PAT IV E / L E PO I NT S U R … Salomon Katembera Ciza1 Jean-Fiston Mikwa2 Augustin Cirhuza Malekezi3 Valéry Gond4 Faustin Boyemba Bosela5 1 Faculté des sciences et des sciences appliquées Université officielle de Bukavu BP 570, Bukavu République démocratique du Congo 2 Faculté des sciences agronomiques Université de Kisangani BP 2012, Kisangani République démocratique du Congo 3 Institut supérieur des techniques médicales de Bukavu République démocratique du Congo Identification des moteurs de déforestation dans la région d’Isangi, République démocratique du Congo 4 Cirad UPR BSEF Campus international de Baillarguet 34398 Montpellier Cedex 5 France 5 Faculté des sciences Université de Kisangani BP 2012, Kisangani République démocratique du Congo Photo 1. Coupe et brûlis de la couverture forestière permettant les productions agricoles (riz, maïs et manioc). Photo K. Ciza. 29 30 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) S. Katembera Ciza, J.-F. Mikwa, A. Cirhuza Malekezi, V. Gond, F. Boyemba Bosela. F OC US / PAR T I CIPATORY MA NAGEMEN T RÉSUMÉ ABSTRACT IDENTIFICATION DES MOTEURS DE DÉFORESTATION DANS LA RÉGION D’ISANGI, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO IDENTIFYING THE DRIVERS OF DEFORESTATION IN THE ISANGI REGION, DEMOCRATIC REPUBLIC OF CONGO IDENTIFICACIÓN DE LOS MOTORES DE DEFORESTACIÓN EN LA REGIÓN DE ISANGI, REPÚBLICA DEMOCRÁTICA DEL CONGO La présente étude analyse la perte du couvert forestier dans la zone du projet pilote REDD+ intégré d’Isangi entre 2002 et 2010. La région est l’une des zones de la République démocratique du Congo où les ressources naturelles sont soumises à une forte pression anthropique. Cette étude a permis, grâce aux techniques de détections multi-temporelles des changements combinées aux enquêtes menées sur le terrain, de cartographier les différentes classes d’occupation des sols mais aussi de déterminer les zones les plus affectées par la perte du couvert forestier. Le taux annuel de déforestation est évalué à 0,13 % (330 ha par an) et les émissions associées représentent environ 196 000 tonnes de CO2 par an. Les résultats des entretiens auprès des villageois indiquent que les principales causes de la déforestation et de la dégradation des forêts sont l’agriculture itinérante sur brûlis et l’exploitation de bois (bois de chauffage, charbon de bois et bois de construction). Les préconisations afin de ralentir le phénomène de déforestation dans la région sont d’améliorer la production agricole, de formaliser l’exploitation de bois et de diversifier les sources d’approvisionnement des produits ligneux. This study analyses the loss of forest cover in the Isangi integrated REDD+ pilot project zone from 2002 to 2010. This is one of the regions in the DRC where human pressures are most severe. The study used multi-temporal remote sensing of changes in forest cover combined with field surveys to map the different land-use classes and to determine the zones most severely affected by forest cover losses. The rate of deforestation is estimated at 0.13% per year (330 ha) and the associated emissions at 196 000 t CO2 per year. The results of the surveys conducted among the villagers indicate that the main causes of deforestation and forest degradation are slash-andburn farming and logging (for firewood, charcoal and construction timber). The recommendations made to slow deforestation in this region are to improve agricultural production, bring logging into the formal sector and diversify the sources of supply of timber products. El presente estudio analiza la pérdida de cubierta forestal en la zona del proyecto piloto REDD+ integrado de Isangi entre 2002 y 2010. Esta es una de las zonas de la República Democrática del Congo cuyos recursos naturales están sometidos a una fuerte presión antrópica. Este estudio ha permitido, gracias a análisis multitemporales de cambios combinados con encuestas de campo, cartografiar los diferentes tipos de uso del suelo y determinar también las zonas más afectadas por la pérdida de la cubierta forestal. La tasa anual de deforestación se evaluó en 0.13% (330 ha por año) y las emisiones asociadas representan aproximadamente 196 000 t de CO2 emitidas al año. Los resultados de las entrevistas mantenidas con los campesinos indican que las principales causas de la deforestación y la degradación forestal son la agricultura itinerante de roza y quema y la explotación maderera (leña, carbón de leña y madera de construcción). Las recomendaciones para frenar el fenómeno de deforestación en la región son: mejorar la producción agrícola, formalizar el aprovechamiento maderero y diversificar las fuentes de suministro de productos madereros. Mots-clés : taux de déforestation, émissions de CO 2 , REDD+, télédétection, causes de déforestation, occupation des sols, République démocratique du Congo. Keywords: deforestation rate, CO2 emissions, REDD+, remote sensing, causes of deforestation, land use, Democratic Republic of Congo. RESUMEN Palabras clave: tasa de deforestación, emisiones de CO2, REDD+, teledetección, causas de la deforestación, uso del suelo, República Democrática del Congo. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) D I S P ER S I ON D I RI G ÉE / L E PO I NT S U R … Barbara Haurez1, 2 Yves Brostaux3 Charles-Albert Petre1, 4, 5 Jean-Louis Doucet1, 2 1 University of Liège Gembloux Agro-Bio Tech Laboratory of Tropical Forestry Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgium 2 École Régionale Post-Universitaire d’Aménagement et de Gestion Intégrés des Forêts et Territoires Tropicaux (ERAIFT) Kinshasa Democratic Republic of Congo Is the western lowland gorilla a good gardener? Evidence for directed dispersal in Southeast Gabon 3 University of Liège Gembloux Agro-Bio Tech Statistics, Informatics and Mathematics Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgium 4 Centre for Research and Conservation, Royal Zoological Society of Antwerp (RZSA) Projet Grands Singes (PGS) Belgium 5 Royal Belgian Institute of Natural Sciences Conservation Biology Unit Section Education and Nature Passage des Déportés 2 5030 Gembloux Belgium Photo 1. Western lowland gorilla. Photograph J.-Y. De Vleeschouwer. 39 40 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) B. HAUREZ, Y. BROSTAUX, C.-A. PETRE, J.-L. DOUCET F OC US / D IRECTED D I SPERS AL RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN LE GORILLE EST-IL BON JARDINIER ? PREUVES DE L’EXISTENCE DE DISPERSION DIRIGÉE AU SUD-EST DU GABON IS THE WESTERN LOWLAND GORILLA A GOOD GARDENER? EVIDENCE FOR DIRECTED DISPERSAL IN SOUTHEAST GABON ¿EL GORILA ES UN BUEN JARDINERO? PRUEBAS DE LA EXISTENCIA DE DISPERSIÓN DIRIGIDA EN EL SUDESTE DE GABÓN Dans les forêts tropicales d’Afrique centrale, le gorille des plaines occidentales dépose la plupart des graines qu’il disperse dans des nids bien éclairés propices à la croissance de plantules, laquelle est susceptible d’être renforcée par l’effet fertilisant des matières fécales entourant les graines. Cet effet fertilisant n’avait jamais été testé. Notre étude visait ainsi à déterminer si le dépôt de graines par les gorilles (i) dans une matrice fécale et (ii) dans leurs nids présente un avantage pour le développement des plantules (taux de croissance et de foliation) et pour leur survie (% de plantules survivantes). Pour évaluer l’effet de la matrice fécale, des graines de Santiria trimera (Burséracée), Chrysophyllum lacourtianum (Sapotacée) et Plagiostyles africana (Euphorbiacée) recueillies dans des déjections de gorilles ont été semées en pépinière avec et sans matrice fécale. Des plantules de Santiria trimera et Dacryodes normandii (Burséracées) ont été installées dans des nids et en forêt de terra firme à couvert fermé afin d’évaluer l’impact du dépôt de graines sur le développement et la survie des plantules. Nos observations montrent une influence positive de la matrice fécale sur le développement des plantules des essences étudiées, mais aucun effet sur leur survie. Concernant les sites de dépôt, les taux de croissance observés étaient de deux à dix fois plus élevés dans les nids qu’en forêt à couvert fermé. Le développement accru des plantules est corrélé positivement avec l’ouverture du couvert forestier. Des études in situ de la germination et de la croissance et la survie des plantules sont nécessaires pour mieux caractériser le destin des graines dispersées par les gorilles. Cependant, nos résultats tendent à prouver que les gorilles jouent un rôle de dispersion dirigée important dans les forêts à couvert ouvert. In Central African tropical forests, the western lowland gorilla deposits most of the seeds it disperses in well-lit nesting sites that can favour seedling growth. The faecal matrix surrounding the seeds can act as a fertiliser and further enhance seedling development. This fertilisation effect had never been tested. Our research therefore aimed to determine whether seed deposition by gorillas (i) in faecal matter and (ii) in nest sites is advantageous for seedling development (growth rate and foliation rate) and survival (% of surviving seedlings). To assess the effect of the faecal matrix, seeds of Santiria trimera (Burseraceae), Chrysophyllum lacourtianum (Sapotaceae) and Plagiostyles africana (Euphorbiaceae) collected from gorilla faeces were sown in a nursery with and without a faecal matrix. Seedlings of Santiria trimera and Dacryodes normandii (Burseraceae) were established in nest sites and in closed canopy terra firme forest sites to assess the impact of seed deposition on seedling development and survival. The faecal matrix was observed to positively influence seedling development in the species studied, but showed no effect on survival. Regarding seed deposition sites, the development rates observed were two to ten times higher in the nest sites than in closed-canopy forest. This enhanced seedling development was positively correlated with canopy openness. In situ studies of seed germination, seedling growth and survival are needed to characterise the fate of gorilla-dispersed seeds more precisely. However, our results offer evidence that gorillas provide important directed dispersal services by depositing seeds most frequently in open canopy sites. En los bosques tropicales de África Central, el gorila de llanura occidental deposita la mayoría de las semillas que dispersa en nidos bien iluminados que favorecen el crecimiento de las plántulas. Este crecimiento podría verse reforzado por el efecto fertilizante de la materia fecal que rodea las semillas. Dicho efecto fertilizante nunca se había evaluado. Por ello, el objetivo de nuestro estudio consistía en determinar si la deposición de semillas por los gorilas (a) en una matriz fecal y (b) en sus nidos supone una ventaja para el desarrollo de las plántulas (tasa de crecimiento y de foliación) y para su supervivencia (% de plántulas supervivientes). Se recolectaron semillas de Santiria trimera (Burseráceas), Chrysophyllum lacourtianum (Sapotáceas) y Plagiostyles africana (Euforbiáceas) en las heces de los gorilas y se sembraron en vivero con y sin matriz fecal. Se establecieron plántulas de Santiria trimera y Dacryodes normandii (Burseráceas) en nidos y en bosque de tierra firme con dosel cerrado para evaluar el impacto de la deposición de semillas en el desarrollo y supervivencia de las plántulas. Nuestras observaciones muestran una influencia positiva de la matriz fecal en el desarrollo de las plántulas de las especies estudiadas, pero ningún efecto en su supervivencia. Con respecto a los lugares de deposición, las tasas de crecimiento observadas fueron dos a diez veces más altas en los nidos que en el bosque con dosel cerrado. El mayor desarrollo de las plántulas estaba positivamente correlacionado con la apertura del dosel de copas. Es necesario realizar estudios in situ de germinación de semillas y de crecimiento y supervivencia de las plántulas para caracterizar mejor el destino de las semillas dispersadas por los gorilas. Sin embargo, nuestros resultados aportan evidencias sobre el importante papel de los gorilas en la dispersión dirigida en bosques con dosel abierto. Mots-clés: Gorilla gorilla gorilla, effet fertilisant, dispersion dirigée, comportement de nidification, dispersion des graines, croissance des plantules, survie des plantules, Gabon. Keywords: Gorilla gorilla gorilla, fertilisation effect, directed dispersal, nesting behaviour, seed dispersal, seedling growth, seedling survival, Gabon. Palabras clave: Gorilla gorilla gorilla, efecto fertilizante, dispersión dirigida, comportamiento de nidificación, dispersión de semillas, crecimiento de las plántulas, supervivencia de las plántulas, Gabón. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) BO IS D E P TE ROCA RP U S ERI NAC EU S / L E P OI NT S U R … Caractéristiques biophysiques du bois de Pterocarpus erinaceus (Poir.) en zones guinéenne et soudanienne au Togo Kossi Novinyo Segla¹ Adzo Dzifa Kokutse¹ Kossi Adjonou¹ Patrick Langbour² Gilles Chaix³ Daniel Guibal² Kouami Kokou¹ 1 Université de Lomé Faculté des sciences Laboratoire de botanique et écologie végétale BP 1515, Lomé Togo 2 Cirad Département PERSYST URP BioWooEB 34398 Montpellier Cedex 5 France 3 Cirad Département BIOS UMR AGAP 34398 Montpellier Cedex 5 France Photo 1. Pied de Pterocarpus erinaceus dans son milieu naturel au Togo. Photo K. N. Segla. 51 52 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) K. N. Segla, A. D. Kokutse, K. Adjonou, P. Langbour, G. Chaix, D. Guibal, K. Kokou F OC US / P TE RO CAR PU S ER INACEUS WOO D RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN CARACTÉRISTIQUES BIOPHYSIQUES DU BOIS DE PTEROCARPUS ERINACEUS (POIR.) EN ZONES GUINÉENNE ET SOUDANIENNE AU TOGO BIOPHYSICAL CHARACTERISTICS OF PTEROCARPUS ERINACEUS (POIR.) TIMBER IN TOGO’S GUINEAN AND SUDANIAN ZONES CARACTERÍSTICAS BIOFÍSICAS DE LA MADERA DE PTEROCARPUS ERINACEUS (POIR.) EN LA ZONA GUINEANA Y SUDANESA DE TOGO Pterocarpus erinaceus (Poir.) est l’une des espèces des domaines climatiques soudanien et guinéen du Togo. Son importance socio-économique tient à ses nombreuses utilisations. Toutefois, la sylviculture et les propriétés technologiques du bois sont mal connues. C’est dans ce contexte qu’un travail a été mené pour déterminer les propriétés physiques et mécaniques (densité, retraits, PSF, MOE, MOR, compression, dureté) de son bois en relation avec les conditions du milieu. Les résultats observés sur les bois de 19 arbres, âgés de 18 à 60 ans environ, prélevés dans deux zones écologiques (Parc de la Kéran, zone soudanienne ; Abdoulaye, zone guinéenne), montrent des différences de densité, d’infra-densité, de contrainte de rupture en compression et d’anisotropie des retraits. Ces propriétés sont plus élevées à Kéran qu’à Abdoulaye. Pour les retraits, le PSF, le MOE, la contrainte de rupture en flexion et la dureté, il n’y a pas de différence significative entre les deux sites. Cette étude met en évidence des corrélations attendues entre la densité et la dureté. Elle montre aussi que les propriétés physiques et mécaniques du bois de vène sont très peu influencées par l’âge cambial. Pterocarpus erinaceus (Poir.) is a tree species found in the Soudanian and Guinean climatic zones in Togo. It is of high socio-cultural importance because of its many uses, but little is known about the technological properties of its wood. This is why a study was conducted to determine the physical and mechanical properties (density, shrinkage, FSP, MOE, MOR, compression, hardness) of its wood in relation to environmental conditions. The results for the wood of 19 trees of about 18 to 60 years of age, growing in two ecological zones (Keran Park in the Sudanian zone and Abdoulaye in the Guinean zone), show that density, infradensity, compressive yield stress and anisotropic shrinkage are all higher in the Keran trees. Regarding shrinkage, FSP, MOE, tensile strength and hardness, no significant differences were found between the two sites. The expected correlations were found between density and hardness. The study also shows that the physical and mechanical properties of Pterocarpus erinaceus wood are virtually unaffected by cambium age. Pterocarpus erinaceus (Poir.) es una de las especies de los dominios climáticos sudanés y guineano de Togo. Su importancia socioeconómica se deriva de sus muchos usos. Sin embargo, la silvicultura y las propiedades tecnológicas de la madera son mal conocidas. En este contexto, se llevó a cabo un estudio para determinar las propiedades físicas y mecánicas (densidad, contracciones, PSF, MOE, MOR, compresión, dureza) de su madera en relación con las condiciones ambientales. Los resultados observados en la madera de 19 árboles, de unos 18 a 60 años de edad, sacados de dos áreas ecológicas (Parque del Kéran, zona sudanesa y Abdoulaye, zona guineana), muestran diferencias de densidad, densidad básica, esfuerzo de ruptura en compresión y anisotropía de las contracciones. Estas propiedades son más altas en Kéran que en Abdoulaye. Respecto de las contracciones, PSF, MOE, esfuerzo de ruptura en flexión y dureza, no hay diferencias significativas entre ambos sitios. Este estudio evidencia las esperadas correlaciones entre densidad y dureza. Asimismo, se demuestra que las propiedades físicas y mecánicas de la madera de Pterocarpus erinaceus se ven muy poco influidas por la edad cambial. Mots-clés : Pterocarpus erinaceus, propriétés physiques et mécaniques, milieux, Togo. Keywords: Pterocarpus erinaceus, physical and mechanical properties, environments, Togo. Palabras clave: Pterocarpus erinaceus, propiedades físicas y mecánicas, medio ambiente, Togo. BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) P I N US P I N EA / L E PO I NT S U R … Impact of location and forestry conditions on some physical and mechanical properties of northern Tunisian Pinus pinea L. wood Mohamed Tahar ELAIEB1 Abdelhamid KHALDI1 Kévin CANDELIER2 1 National Institute of Agricultural Engineering Research, Water and Forestry INRGREF, UGVRF, LGVRF B.P. 10 2080 Ariana Tunisia 2 Cirad UR 114 BioWooEB TA B-114/16 34398 Montpellier Cedex 5 France Photo 1. Pinus pinea trees located in the Northern Tunisia. Photograph A. El Khorchani. 65 66 BOIS ET FORÊTS DES TROPIQUES, 2015, N° 324 (2) F OC US / P INU S PIN E A M. T. Elaieb, A. Khaldi, K. Candelier RÉSUMÉ ABSTRACT RESUMEN IMPACTS DE LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET DES CONDITIONS FORESTIÈRES SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES ET MÉCANIQUES DU BOIS DE PINUS PINEA L. EN TUNISIE DU NORD IMPACTS OF LOCATION AND FORESTRY CONDITIONS ON SOME PHYSICAL AND MECHANICAL PROPERTIES OF NORTHERN TUNISIAN PINUS PINEA L. WOOD. IMPACTOS DE LA UBICACIÓN Y DE LAS CONDICIONES FORESTALES EN LAS PROPIEDADES FÍSICAS Y MECÁNICAS DE LA MADERA DE PINUS PINEA L. EN EL NORTE DE TÚNEZ Les pins Pinea sont utilisés depuis l’ère préhistorique pour leurs pignons de pin comestibles. Plus récemment, ces pins ont été introduits en tant qu’essence ornementale dans les régions à climat méditerranéen, où ils sont fréquents dans les parcs et jardins. Cependant, dans le Maghreb, ils se sont naturalisés au-delà des villes au point d’être classés comme essence invasive. De par ses dimensions (au moins 1520 m de hauteur et 30-40 cm de diamètre), Pinus pinea offre un potentiel intéressant comme source de bois d’œuvre en Tunisie. Cette étude visait à analyser les effets de la situation géographique et des conditions forestières sur certaines propriétés physiques et mécaniques du bois de Pinus pinea dans le nord de la Tunisie. Les échantillons analysés ont été recueillis dans quatre sites différents, sur 87 parcelles classées selon la densité des arbres et les paramètres de fertilité des sols. Des mesures de densité, de retrait et teneur en eau ont été effectuées sur chacun des échantillons, ainsi que des tests de résistance mécanique. Les premiers résultats indiquent un rapport stable entre les dimensions et la densité du bois de Pinus pinea tunisien. Cependant, le module de rupture (MOR) en flexion et en compression est plus faible que pour d’autres résineux en Tunisie, quelles que soient la situation géographique et la fertilité des sols. L’analyse de régression linéaire montre que la densité des peuplements est le seul paramètre ayant une influence significative sur la variabilité des propriétés du bois, à l’exception de la stabilité dimensionnelle et le retrait volumique. Nos résultats indiquent que la densité croissante des peuplements de Pinus pinea est un paramètre forestier déterminant pour les propriétés physiques et mécaniques du bois de cette essence. Il y aurait ainsi intérêt à améliorer les conditions forestières pour obtenir un bois de meilleure qualité. Pinea pines have been used and cultivated for their edible pine nuts since prehistoric times. More recently, Pinus pinea L. has been introduced as an ornamental tree in Mediterranean regions, and is now often found in city parks and gardens. However, it has become naturalized outside North African cities to the point that it is now classified as an invasive species there. Its size (more than 15-20 m in height and 3040 cm in diameter) makes Pinus pinea a good candidate eco-resource for construction materials in Tunisia. The focus of this study was to analyze the effects of geographical location and forestry conditions on several physical and mechanical properties of Northern Tunisian Pinea pine wood. The Pinus pinea wood samples studied were collected from four different geographical locations, divided into 87 plots according to tree population density and soil fertility class. Density, shrinkage and moisture content were measured and mechanical tests were performed on each wood sample. Preliminary results showed that Tunisian Pinea pine wood has very good dimensional stability in relation to its density. However, the modulus of rupture (MOR) in bending and compression strength is lower than in other Tunisian softwood species, whatever the geographical situation and soil fertility. A linear regression analysis showed that only tree population density seems to have a significant impact on the variability of Pinea wood properties, except for dimensional stability and volumetric shrinkage. Our findings suggest that the growing population density of P. pinea trees is the most important forestry parameter determining its mechanical and physical wood material properties. It could therefore be of interest to improve forestry conditions to obtain better wood quality. Los pinos Pinea se emplean desde tiempos prehistóricos por sus piñones comestibles. Más recientemente, estos pinos fueron introducidos como especie ornamental en regiones de clima mediterráneo, en donde abundan en parques y jardines. Sin embargo, en el Magreb se han ido naturalizando fuera de las ciudades hasta ser considerados como una especie invasora. Por sus dimensiones (más de 15-20 m de altura y 30-40 cm de diámetro), Pinus pinea presenta un interesante potencial como fuente de madera de construcción en Túnez. El objetivo de este estudio era analizar los efectos de la ubicación geográfica y de las condiciones forestales en algunas propiedades físicas y mecánicas de la madera de Pinus pinea en el norte de Túnez. Las muestras analizadas se tomaron en cuatro sitios distintos, en 87 parcelas clasificadas según la densidad de los árboles y los niveles de fertilidad de los suelos. En todas las muestras, se efectuaron mediciones de densidad, contracción y contenido de humedad, así como pruebas de resistencia mecánica. Los primeros resultados muestran una relación estable entre las dimensiones y la densidad de la madera del Pinus pinea tunecino. Sin embargo, el módulo de ruptura (MOR) a flexión y compresión es menor que en otras coníferas de Túnez, independientemente de su ubicación geográfica y de la fertilidad del suelo. El análisis de regresión lineal mostró que la densidad de los rodales es el único parámetro que influye significativamente en la variabilidad de las propiedades de la madera, exceptuando la estabilidad dimensional y la contracción volumétrica. Nuestros resultados indican que la creciente densidad de los rodales de Pinus pinea es un parámetro forestal determinante para las propiedades físicas y mecánicas de la madera de esta especie. Sería, pues, interesante mejorar las condiciones forestales para lograr una madera de mayor calidad. Mots-clés: Pinus pinea L., bois d’œuvre, module de rupture (MOR), propriétés physiques et mécaniques, bois, Tunisie, forêt méditerranéenne. Keywords: Pinus pinea L., structural material, modulus of rupture (MOR), physical and mechanical properties, wood, Tunisia, Mediterranean forest. Palabras clave: Pinus pinea L., madera de construcción, módulo de ruptura (MOR), propiedades físicas y mecánicas, madera, Túnez, bosque mediterráneo.